mercredi 11 novembre 2009

L'exemple du Venezuela : Chavez démocrate ou dictateur?

Hugo Chavez est le président du Venezuela, pays d'Amérique du Sud situé entre la Colombie, le Brésil et la Guyane, depuis le 2 février 1999. Si son élection, puis sa politique ont des apparences démocratiques, certains pensent qu'il tente de mettre en place une dictature dans son pays. Nous pouvons donc nous demander quels sont les arguments de chacun de ces deux avis pour tenter de comprendre ses véritables intentions.

Politique du Venezuela:

Le Venezuela est une république fédérale multipartiste. Le chef d'Etat y est également chef du gouvernement. Le pouvoir législatif est, lui, détenu par un Parlement. Auparavant (car la Constitution a, depuis, été modifiée), le président était élu pour cinq ans, et pour un seul mandat.

L'arrivée de Chavez au pouvoir:

Chavez appartient à un parti qu'il a créé, le MVR (Mouvement de la cinquième République). Soutenu par ce parti et une grande part de la population, car l'ancien gouvernement était corrompu, Chavez fait un coup d'Etat le 4 février 1992, mais échoue et se retrouve emprisonné pour deux ans. La deuxième tentative de son parti, le 27 novembre 1992, quant à elle, réussit, puisque Perez, le président, est destitué en mai de l'année suivante, et jugé pour détournement de fonds publics.
Le 2 février 1999, Chavez est élu au suffrage universel à plus de 55% des voix, c'est-à-dire de manière parfaitement démocratique. Pourtant, l'une de ses premières décisions fut de changer la Constitution sur deux points en particulier : à présent, le mandat du président est d'une durée de six ans. Par ailleurs, une même personne peut présenter jusque deux mandats. Il instaure également un "référendum révocatoire"; le peuple peut ainsi destituer n'importe quel gouvernant à partir de la moitié de son mandat.
Un coup d'Etat de l'opposition, le 11 avril 2002 emprisonne à nouveau Chavez. Il reprend le pouvoir aux élections suivantes, où il se fait à nouveau élire à plus de la majorité dès le premier tour, et modifie à nouveau la Constitution, afin que le Président puisse effectuer un troisième mandat.

Confrontation d'arguments permettant de dire que Chavez est bien démocrate, comme peuvent le laisser entendre les apparences et d'arguments le présentant comme un dictateur:

Tout d'abord, ce référendum révocatoire pourrait nous faire penser que cette constitution vénézuélienne est particulièrement démocratique puisqu'à tout moment, sur simple référendum, le peuple peut choisir de destituer un membre du gouvernement.
Cependant, si Chavez accepte le renvoi d'un quelconque membre de son gouvernement, lorsque, en 2002, il reçut 800 000 signatures réclamant son départ, il les déclara nulles, permettant une opération de "réparation", c'est-à-dire une "seconde chance"aux personnes ayant déposées leur signature. Ce fut cette déclaration qui entraîna le coup d'Etat de 2002.
De plus, si on prend la Constitution comme argument, il faut noter les changements successifs du nombre de mandat et de leur durée depuis son élection, il y a 10 ans. D'ailleurs, il a, en décembre 2007, proposé un référendum qui lui aurait permis de mettre fin à la limitation du nombre de mandat. Il a également assuré qu'il était près à "rester avec [son] peuple jusqu'en 2019." Il a perdu à 49% des voix, mais projette de réorganiser des votes l'année prochaine. Pourtant, l'opposition au Venezuela met en garde contre une "dérive présidentielle". Chavez se justifie en expliquant qu'il veut créer un Etat socialiste, qui passe par des réformes sociales visant à donner plus de pouvoir aux citoyens.

Par ailleurs, il est vrai que les progrès de développement du Venezuela depuis son accession au pouvoir sont notables ; le taux de croissance du PIB entre 2005 et 2007 était de 8 à 10%. De plus, afin d’aider les jeunes défavorisés des Barrios, des plans d’alphabétisation sont mis en place.
Sur un autre plan, on reproche souvent au Venezuela son manque de liberté d’expression , mais de grandes chaînes de radio privées se positionnent clairement contre le gouvernement de Chavez, et ce, parfois, de manière violente, injuriant, par exemple, leur président.
Pourtant, cela n’explique pas de manière suffisante la suppression de 34 stations de radio l’été dernier, fin juillet, toutes défendant l’opposition. Visiblement, si les stations les plus populaires sont plus ou moins épargnées, les chaînes moins importantes subissent la censure. Officiellement ces fermetures sont pour des raisons administratives, puisque les stations concernées n’auraient pas effectuées les démarches nécessaires pour le renouvellement de leur droit à émettre. Cependant, pour certaines, il est prouvé que leur concession allait jusqu’en 2013. On remarque également que, petit à petit, de plus en plus de radios passent sous la tutelle de l’Etat. Chavez a par ailleurs annoncé un projet de loi destiné à « réguler la liberté d’expression », selon ses propres termes. En effet, selon lui, les médias dont les informations ne sont pas vérifiées par le gouvernement courent le risque de provoquer « angoisse, inquiétude et panique » chez les Vénézueliens. Le gouvernement compte par conséquent organiser la fermeture des médias diffusant une information jugée « fausse », « manipulée », « détournée », ou « portant un préjudice aux intérêts de l’Etat ». Tout dissident s’expose par ailleurs à une peine de 4 ans de prison., pouvant se combiner avec 6 mois à 4 ans de prison si le média en question a refusé de « révéler un information » dictée par le gouvernement. Environ 200 médias seraient concernés.
Selon Carlos Correa, directeur de l’ONG « espacio publico », défendant la liberté d’opinion, ce projet s’agit « du plus important dispositif de restriction à la liberté d’expression jamais mis en place au Venezuela, sans précédent en période démocratique ». Il invite les citoyens à prendre conscience de la tournure que prennent les événements, comparant cette loi aux problèmes de censure de 2007, où la chaîne la plus populaire du Venezuela, accessoirement chaîne d’opposition avait dû fermer.
Les étudiants avaient manifestés à Caracas, la capitale, mais avaient subi une violente répression de l’armée. Fin juillet 2009, après la fermeture des stations de radio dont nous parlions précédemment, les jeunes se sont à nouveau réunis, portant des pancartes telles que « non à la censure » ou encore « peuple, ouvre les yeux, c’est une dictature »

Mais tout le peuple « n’ouvrira pas les yeux ». En effet, pour beaucoup, Chavez incarne le président dynamique et aimant son peuple. Par ailleurs, son charisme lui permet l’entière adhésion des Vénézueliens à ses discours. Pendant longtemps, l’Amérique du Sud a été méprisée par les Etats-Unis en raison de son faible poids économique. Afin de remédier à cela, Chavez encourage l’existence réseaux économiques comme l’Unasur. Par ailleurs, il se place en ennemi des USA, critiquant régulièrement Bush, qu’il jugeait être un « fils à papa bon à interner à l’asile », ou encore un alcoolique. Attendant une meilleure considération d’Obama, il se déclare déçu par des espoirs sans fondements, même s’il tente d’établir des relations diplomatiques avec le président de la grande puissance américaine. Cette opposition de « bête noire des Etats-Unis » renforce sa popularité parmi la population la plus défavorisée, ce qui le place, d’ailleurs, favori aux prochaines élections de 2012.
Pour continuer sur le plan des relations internationales, nous pouvons mentionner, qu’il est allié de Cuba, et donc ami de Fidel Castro,admirant le régime qu’il a mis en place dans son pays.

Deux derniers arguments peuvent enfin nous permettre d’associer ce régime à une dictature.
Tout d'abord, il a fait récemment polémique en chassant le président de l'ONG « Human Rights Watch », un américain, prétextant que ce geste était en réalité un soutient au gouvernement Bolivien, ayant eu des problèmes avec leur ambassadeur des Etats-Unis.
Par ailleurs, le 8 Juin 2008, il a mis au point la « Loi Gestapo », désignant toute personne comme un délateur potentiel. Ainsi, chaque citoyen est surveillé, contrôlé; il est donc obligé d'adhérer à la politique en place.
Enfin, certains aspects peuvent nous faire penser à un culte de la personnalité naissant: chaque semaine, Chavez est présent dans une émission télévisée « Alo presidente », dans lequel célébrités et gens du peuple affichent leur soutient à leur président et l'adulent. Nous pouvons citer l'exemple de « la niña robot », une petite fille de 8 ans récitant par coeur à Chavez un discours de plusieurs minutes, peu vraisemblablement de son propre chef, vantant tous les mérites de son gouvernement. (la vidéo est disponible sur le site desourcesure. com)

Conclusion:

Pour conclure, nous pouvons donc remarquer que si ce régime, par plusieurs aspects, peut sembler parfaitement démocratique, Chavez viole néanmoins plusieurs libertés individuelles et essentielles qui rapprochent son gouvernement d'une dictature. Pourtant, son peuple semble pour le moment ne pas voir leurs libertés perdues. D'ailleurs, officiellement, il n'y a aucun prisonnier politique, et les actions de Chavez, aussi polémiques soient-elles, restent à la limite du légal.

Sources : Sur internet :

- Le monde
- Le figaro
- Le nouvel Observateur
- Wikipédia
- Desourcesure.com
- Europarl.europa.euFrance3.fr

Marie M et Laura

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