lundi 18 avril 2011

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dimanche 10 avril 2011

la mort de POMPIDOU

-MORT D'UN PRÉSIDENT
mardi 12 avril à 20h35 sur France 3

Le 2 avril 2011 marquera la date du 37e anniversaire de la mort de Georges Pompidou, successeur du général de Gaulle en tant que 19e président de la République française. Au moment de l'annonce brutale du décès par le biais d'une interruption de programme télévisé, les rumeurs les plus folles couraient sur son état de santé depuis plusieurs mois, suite à la diffusion de photos particulièrement alarmantes où l'on pouvait voir l'homme d'état le visage bouffi et la mine blafarde. On se doutait mais on ne savait rien, car le sujet était tabou. La mort du président resta donc un épais mystère durant de longues années, entretenant tous les fantasmes. Le réalisateur Pierre Aknine nous propose aujourd'hui un formidable téléfilm, servi par des interprétations magistrales, autour des derniers jours d'un lion du gaullisme, cerné de toutes parts par une jeune garde aux dents longues (Chirac, Balladur, Giscard d'Estaing) et un vieux rival à la soif de pouvoir inassouvie (Chaban-Delmas). Mort D'Un Président offre également un éclairage inédit (et très bien documenté) sur les trente années de luttes fratricides qui suivirent la disparition de Pompidou.                                

- LA MALADIE DU PRÉSIDENT POMPIDOU :
UN SECRET BIEN GARDÉ -
Au cœur de cette fiction particulièrement réussie, car très respectueuse de la véracité des faits et de la mémoire du défunt, il ya donc une maladie incurable, celle qui ronge le président Pompidou (1911-1974) au cours de ses dernières années. Cette maladie, c'est celle de Waldenström, une hémopathie maligre (autrement dit une lecucémie) relativement rare. Le président en était parait-il atteint dès 1968, mais celle-ci ne devint visible que lorsque les corticoïdes pris en traitement firent gonfler son visage de façon fort disgracieuse.
Rongé par ce cancer, en proie à d'atroces souffrances et nombres de malaises, Georges Pompidou mourut finalement d'une septicémie foudroyante, le 2 avril 1974. Pour la petite anecdote, on peut noter que le président français n'est pas le seul chef d'état à avoir succombé à la maladie de Waldenström. Le président algérien Houari Boumédienne et le dernier Shah d'Iran en ont également été les victimes.
Suite à cet événement qui bouverse et stupéfie les français, la classe politique unanime déclare que les futurs présidents de la République devront rendre état de leur santé en publiant des bulletins réguliers. Une belle résolution qui ne tiendra pas bien longtemps : ceux concernant François Mitterrand seront bien évidemment tronqués (truqués ?) puisque celui-ci apprendra son cancer métastasé dès la première année de son premier septennat mais n'en dira rien pendant plus de dix ans, se lançant même dans une seconde mandature !
- NE RIEN LAISSER PARAÎTRE -
Mort D'Un Président le montre bien : informé très tôt de sa maladie Georges Pompidou veut continuer à vivre comme si de rien n'était, probablement poussé par un sens du devoir et une pudeur surdéveloppés. De plus en plus atteint, il se concentre sur la politique étrangère (on le voit notamment en Chine rencontrant Mao Zedong) et délègue une partie de ses pouvoirs au secrétaire général de la présidence de la République, un certain Edouard Balladur (Cyrille Eldin).
Le président à beau ne communiquer en aucune façon sur son état de santé et faire de la rétention d'information et d'images dans les médias, ceux qui le cotoyent au quotidien, ministres, conseillers ou autres ne sont pas dupes. Les choses s'activent déjà en coulisses car certains ont pressenti qu'il ne s'agissait pas d'une « mauvaise grippe mal soignée », comme le prétendent alors les services de communication du chef de l'état, mais bien de très graves soucis de santé.
Pompidou, bien que très affaibli, sent cette agitation. Il se refuse à abandonner le pouvoir alors que ses prétendants lui mordillent déjà les talons, se préparant à la curée dès qu'il sera tombé à terre. Ceux-ci se nomment Jacques Chaban-Delmas (Alain Fromager) et Valery Giscard d'Estaing (Xavier de Guillebon). Il y a aussi un poulain très talentueux et très ambitieux coaché par le duo de comploteurs Pierre Juillet (André marcon) / Marie-France Garaud (Florence Muller): un ministre de l'agriculture nommé Jacques Chirac (Samuel Labarthe). Mais la précipitation de la maladie du président joue contre lui...
C'est aussi tout l'intérêt de Mort d'un Président : dévoiler la personnalité et l'intimité d'un président qui fait encore référence et dont Jacques Chirac ou Edouard Balladur, parmi beaucoup d'autres, se revendiquent aujourd'hui encore, mais surtout raconter de l'intérieur la genèse de l'après Pompidou, de cette guerre interne qui couve déjà entre les divers courants de la droite et va mener à trente années de luttes fratricides, facilitant les deux septennats de Mitterrand.
- MORT D'UN PRÉSIDENT :
GENÈSE DU PROJET -
C'est Jean-Pierre Guérin, producteur du film et surtout journaliste à la télévision au moment de la mort de Pompidou, qui a eu l'idée de ce film. Il s'interroge depuis toujours sur cet événement et a gardé une forte sympathie pour le couple présidentiel que formait Georges et Claude Pompidou. Il voulait donc raconter cette histoire avec beaucoup de respect, en parlant aussi des hommes et femmes proches de son entourage, des alliances et intrigues qui accompagnèrent en coulisses cet évenement tragique.
S'il tient à le produire, il décide de confier l'écriture de son ambitieux projet à Pierre Aknine (Jean Moulin, Une Affaire Française, Ali baba Et Les 40 Voleurs avec Gérard Jugnot). Ce dernier s'imprègne du personnage en regardant toutes ses conférences de presse archivées par l'INA, buvant ses paroles avec délectation « j'écoutais cela comme de la musique ». Tombé amoureux de son personnage principal, il opte pour une identité visuelle forte, tenant à cadrer serré sur les visages pour que le télspectateur se sente au plus près de ce qui se trame dans les coulisses du pouvoir, dans le dos du président mourrant, mais aussi dans son quotidien public ou privé.
- JEAN-FRANÇOIS BALMER :
UNE IMPRESSIONNANTE PERFORMANCE-
Si l'on ne peut reprocher aucune fausse note dans la partition du casting de Mort D'Un Président, les acteurs parvenant à incarner avec justesse sans imiter ni tomber dans la caricature, on ne peut, au sortir du visionnage, que saluer la performance bluffante de Jean-François Balmer, que les adeptes des vieux films de Belmondo connaissent bien. Ficelé à sa chaise pendant 5 heures pour de pénibles séances de maquillage (implants de silicone, raccords, peinture à l'éponge, etc...) afin de pouvoir se glisser dans la peau de Pompidou, le comédien parvient à s'affranchir sans difficulté de son fardeau et de la forte présence visuelle dans l'inconscient collectif de celui qu'il interprète.
Le réalisateur Pierre Aknine parle d'ailleurs de son acteur principal avec un immense enthousiasme : « c'est un coup de foudre, c'est la plus belle direction d'acteurs de toute ma vie : un régal ! Il est intelligent, intuitif ». Qui dit Pompidou dit Georges, mais aussi, forcément, Claude : celle-ci est incarnée de façon tout aussi formidable par Evelyne Buyle, qui donne le la à Balmer de bien belle façon. Fort heureusement, car sans leur histoire d'amour, ce beau film n'aurait pas la même saveur. Il est en tout cas un bel hommage en cette année de centenaire de la naissance d'un président français peu connu des jeunes générations, qui trouveront ici une occasion rêvée de combler leurs lacunes.

extrait à voir sur
http://www.culturclub.com/circus/jdp_alachaine/jdp-chaine-0620_mort-d-un-president_france-3.html